La grogne du bleuet dans la Péninsule acadienne

bleuet

Le bleuet… L’or bleu?

En réponse au favoritisme du gouvernement provincial du Nouveau-Brunswick envers la compagnie Oxford, les petits cultivateurs indépendants de la Péninsule acadienne proposent plus de pillage du patrimoine collectif de la région, cette fois pour les accommoder « eux ».

Le géant du bleuet Oxford avait troqué avec le gouvernement du Nouveau-Brunswick plus de 6000 hectares de terres de la couronne (plus de 15000 acres) [1, 2], donnant aux gens du Nouveau Brunswick des terres déboisée et souillée situées en bordure des routes, pour se retrouver avec de belles terres, qu’il pourra raser de ses forêts [3] pour créer des monocultures de bleuets, tout en pouvant profiter monétairement de ce bois néo-brunswickois. Oxford débarque avec ses gros investissements, et aux dires du député conservateur du coin, ils ne seraient pas en mesure de refuser le gros investissement de la compagnie dans la Péninsule acadienne [2]. Pourtant, c’est l’environnement des gens, et leur héritage actuel et pour les générations futures qui sert en fait de monnaie d’échange. Les gens de la province payent la note pour attirer du capital, mais qu’est-ce qu’ils obtiennent en retour? Une garantie de 300 emplois pendant 10 ans, soit une trentaine d’emplois par année pendant 10 ans. Ce n’est rien de trop excitant, venant d’une industrie qui dépendra du capital naturel de la région, et qui sera tout de même à la merci du climat et des marchés. Et dire que l’Acadie Nouvelle avait présenté cela comme un magot qui vient gratuitement, comme des bonbons d’Halloween [4]…

Que le gouvernement du Nouveau-Brunswick ait pu faire, incognito, de la substitution de terres qui ne s’équivalent pas en valeur économique et écologique, c’est digne d’une république de banane. Perdre du capital naturel, ce n’est pas comme perdre des argents. Ça ne se remplace pas facilement et parfois, c’est même impossible de récupérer ce qui est perdu ou détérioré. C’est bien différent des argents qui ont été gaspillés sur l’industrie des textiles dans cette curieuse pointe de terre que l’on qualifie de péninsule. Pourquoi ce genre de pratique ne serait pas considéré comme un vol, bref un acte illégal? Le gros problème, c’est que le propriétaire, c’est-à-dire les gens du Nouveau-Brunswick, n’a jamais donné son aval pour cette transaction à connotation mafieuse. Au Nouveau-Brunswick, on est pas fort dans la consultation et la planification, et les scandales de ce genre abondent. On peut se rappeler la réforme scolaire de l’enseignement du français dans les écoles anglophones, la tentative de vente (échouée) de NB Power, et n’oubliez surtout pas les grands scandales du jour, comme le dossier des gaz de schistes, et la catastrophe imminente que représente la nouvelle politique de gestion des forêts.

Paul Robichaud, sous-chef régional pour le premier ministre conservateur David Alward, a vanté le projet Oxford, car avec 184 millions de dollars, dont une usine de 50 millions et 300 emplois garantis sur 10 ans, ceci représenterait le plus gros investissement privé de l’histoire de la Péninsule [4]. Pour un politicien d’une province qui a depuis toujours, été addicté aux méga-projets, on ne saurait trop comprendre son excitation, et que dire de cette prise de position comme quoi la taille de la somme exige que les gens acceptent docilement ce troc de terres. Paraît-il qu’on ne saurait refuser un tel investissement… Et pourtant, les gros projets dans la Péninsule acadienne et la région Chaleur de Bathurst est plutôt chose banale.

Dans la Péninsule acadienne, déjà au 19e siècle, il y avait des industriels qui avaient des avoirs et des infrastructures dont la valeur dépassait la centaine de millier de dollars [5]. Imaginez à quoi ça équivaut en dollars d’aujourd’hui. Juste à côté, il y avait jadis, au sud de la ville de Bathurst, l’une des plus grosses mines de zinc souterraines au monde, la Brunswick No.12. Une seule usine de poisson dans la Péninsule Acadienne représente à elle seule une valeur considérable et est associée à tout autant d’employés que ce que Oxford pourrait offrir. Prenons pour exemple l’usine que Daley Brothers a perdue aux mains d’une horde criminelle à Shippagan. La poursuite judiciaire pour les pertes encourues contre la ville de Shippagan s’élève à 25 millions de dollars, et c’est 350 emplois qui ont été perdus [6]. Il y a pleins d’entités qui brassent des gros chiffres d’affaire dans la Péninsule, alors 300 emplois sur dix ans et une usine de 50 millions, c’est quelque chose, mais ce n’est pas la mer à boire, contrairement à ce que semble en penser les politiciens. Étant donné que les gens de la province on dû débourser quelque chose de précieux,  un bien collectif, pour concrétiser le projet, ça aurait mérité leur participation au niveau de la décision qui a été prise.

Pourquoi les gens devraient baver à l’idée d’une usine de bleuets de 50 millions? Elle peut être construite, mais ça ne veux pas dire qu’elle perdurera… La Péninsule acadienne est pleine de traces de présences étrangères qui n’ont pu persister.

Le projet est concrétisé et les petits producteurs de bleuets indépendants tentent de s’adapter et de réagir, mais là aussi nous allons encore payer un prix collectif. Leur grogne n’a jamais réussit à enrayer le projet du gouvernement, étant donné qu’ils ont pratiquement été confronté au fait accomplis. Voilà que pour palier à cette situation,  les petits cultivateurs nous disent inconsciemment que si le gouvernement et Oxford ont pu piller le capital naturel qui appartient au gens de la province pour faire des champs de bleuets d’intérêt privé, eux aussi ils devraient pouvoir en faire autant et ce, sur une superficie encore plus grande que ce que Oxford a gobé!

Ils quémandent maintenant de pouvoir participer au saccage de ce qu’il reste des forêts sur les terres de la couronne de la Péninsule acadienne. Ils veulent plus de terres (20000 acres) où pratiquer cette monoculture [2, 7]. Pire encore, ils veulent devenir propriétaire de ces terres de la couronne qu’ils  revendiquent [7]. Ils veulent faire comme le nouveau Goliath dans la région et s’accaparer des terres qui doivent normalement appartenir perpétuellement et collectivement au gens de la province et aux générations futures. Ils ne veulent plus louer les terres qui appartiennent au peuple; ils en veulent la possession exclusive. Comme quoi le saccage de l’héritage collectif du peuple pour le profit d’une clique particulière peut être réclamé sans gêne, pourvu que ça profite à la bonne tribu.

 

Documents d’intérêt 

Le communiqué officiel du gouvernement du Nouveau-Brunswick concernant la transaction des terres: http://www2.gnb.ca/content/gnb/fr/nouvelles/communique.2014.06.0688.html

carte_Oxford_deal

La carte ci-dessus illustre les terres échangées (rose données au gouvernement, vert foncé données à Oxford). Elle est accessible à l’adresse gouvernementale suivante: http://www2.gnb.ca/content/dam/gnb/Departments/nr-rn/pdf/Oxford_press_release_map.pdf

 

Notes et Références

[1] « Frozen food giant invests $184M to build blueberry plant ». cbc.ca. 31 octobre 2013. Consulté le 4 août 2014.

[2] « Les producteurs de bleuets de la Péninsule acadienne inquiets de leur avenir ». Radio-Canada – Édition Acadie. 31 juillet 2014. Consulté le 4 août 2014.

[3] «Arrivée prochaine d’Oxford Frozen Foods : Des coupes de bois qui dérangent dans la Péninsule acadienne ». CHAUTVA.com. 4 février 2014. Consulté le 4 août 2014.

[4] « Bleuets: Oxford promet de créer 300 emplois dans la Péninsule ». L’Acadie Nouvelle. 31 octobre 2013. Consulté le 4 août 2014.

[5] Léger, Raymond. 1988. « L’industrie du bois dans la Péninsule acadienne ». Revue d’histoire de la Société historique Nicolas-Denys 16(2) : 1-86.

[6] « Émeute à Shippagan : deux ans plus tard, aucune accusation n’a été portée ». Radio-Canada. 5 mai 2005. Consulté le 4 août 2014.

[7] « Attribution de terres de la Couronne à Oxford Frozen Food Producteurs de bleuets en colère ». CHAUTVA.com. 31 juillet 2014. Consulté le 4 août 2014.

Texte © 2014, Le Hareng Mal Salé

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Le Canada ordonne la déportation de la mère d’un banbin de 10 mois pour avoir manqué une audience

Drapeau

La famille Dejesus habitant Moncton au Nouveau-Brunswick, suscite l’aide du public pour éviter la déportation de madame Margarita Dejesus et par conséquent sa fille âgée de seulement 10 mois en Guinée équatoriale; un pays qu’elle a fuit avec sa famille alors qu’elle n’avait que deux ans, et qui lui est par conséquent totalement inconnu. Selon un article parut à Radio Canada, sa fille sera déportée avec elle [1]. Les autorités canadiennes ont décidé de la déporter pour avoir manqué une audience se rapportant à son dossier d’immigration. Pourtant, la famille n’aurait jamais été informée de la date d’audience. La quinée équatoriale, ce n’est pas un endroit recommandable, et pour cause, vous n’avez qu’à lire les tous derniers titres à propos de cette bourgade, où on y parle de torture [2].

Dans cette affaire, il est curieux que l’avocat, pour défendre sa cliente, n’ait pas fait une sortie publique devant les médias, pour confirmer  que tout ceci relève, comme il est allégué, d’une négligence ou d’une erreur de l’agence gouvernementale en matière de communication.

Cette histoire de rigidité procédurale de la part des autorités canadiennes en matière d’immigration rappelle un autre cas survenu à Moncton en 2011. Une famille coréenne eut toutes les misères du monde à obtenir leur résidence au Canada. Le point de litige était leur fils autiste et épileptique. Tout simplement, le canada voulait vraisemblablement s’en débarrasser par peur qu’ils engendrent des coûts à l’état [3]. Dans cette affaire, le Canada a perdu et la communauté de Moncton, à l’appui de la famille, avait gagné.

Que le fils autiste de cette famille ait été disqualifié sur la base de sa maladie démontre une tendance à l’eugénisme de la part des politiques du Canada en matière d’immigration. Est-ce que ce que le pays veut, ce sont des immigrants parfaits, idéaux? On a beau évoquer des technicalités liés à la finance, mais tu sais que ton ministère est inapte quand il se borne à refuser l’immigration à une famille dont le père est un homme d’affaire et propriétaire de commerce, et dont le fils aîné est enrôlé dans une des meilleures universités du pays [3]. C’est pourtant le groupe d’immigrant habituellement privilégié par le royaume Canuck.

Pour revenir au cauchemar de la famille Dejesus, c’est que de malchance qu’elle se trouve au Nouveau-Brunswick, dont Moncton, où les services d’immigration Canada sont légendairement dérisoires. Les immigrants à Moncton vous le diront! Une vraie honte pour une ville qui se veut le lieu le plus dynamique de cette province qui se meurt de vieillesse et où l’émigration de la jeunesse est un véritable fléau.

La famille a un projet INDIEGOGO pour aider avec les frais juridiques qui seront encourus lors de leur bataille pour éviter la déportation de Margarita avec son bébé. Vous pouvez aller les appuyer ici : https://www.indiegogo.com/projects/let-margarita-and-layla-stay#home

On vous souhaite la victoire, le Nouveau-Brunswick ne s’en porterait que mieux!

Notes et Références

[1] « Une famille immigrante à Moncton vit un cauchemar ». Radio Canada – édition Acadie. 1 août 2014. Consulté le 4 août 2014.

[2] «Guinée équatoriale: Mettre fin aux tortures ». Le Figaro. 31 juillet 2014. Consulté le 4 août 2014.

[3] « Moncton family to be deported to South Korea ». CBCnews. 5 juin 2011. Consulté le 4 août 2014.

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Quand la « marde » lève au Walmart de Bathurst

Publié originellement le 17 février 2014.

Oh-la-la! On est en plein hiver, donc hors-saison pour les questions de guerre linguistique au Nouveau-Brunswick, et déjà les remous reprennent… Qu’est-ce que ça vas être cet été?

Une employée du Walmart de Bathurst vient de perdre son emplois pour avoir, semble-t-il, insulté une cliente qui avait demandé pour du service en français [1]. À vrai dire, la cliente n’est pas totalement innocente dans cette affaire, car comme s’il n’était pas suffisant que l’employée, une dame anglophone, lui signale qu’elle ne parle pas le français, la dite cliente a tourné le couteau dans la plaie en signalant que les achats qu’elle fait dans ce magasin contribue à son salaire… La réaction lors de la transaction monétaire fut amère : « Here, bitch » [1], donc voir « voici la monnaie de ta pièce, bitche ».

Quand on brasse de la marde, parfois on se gomme… Ça arrive et la vie continue… Mais de là à aller sur la place publique, au média national pour se plaindre, là c’est un peu fort, n’est-ce pas? Quand tu veux insister pour du français, tu te plein aux gens qui ont un pouvoir décisionel. Inutile de s’obstiner avec une employée, unilingue et visiblement de mauvais poil, qui se tue à travailler au salaire minimum. Après, il ne faut pas s’étonner du malaise de plus en plus généralisé chez les anglophones des régions au Nouveau-Brunswick. Ces petits calvaires personnels, étalés sur la place publique via les médias font plus de tors que de bien… S’ils ne veulent pas se bilinguiser, c’est leur affaire et qu’ils en paient les conséquences dans leurs chances d’embauche, mais il faut ici apprécier le fait que c’est bien les dirigeants de ce Walmart qui ont choisi d’embaucher certains employés unilingues.

Par ailleurs, c’est décevant que Radio-Canada n’ait pas été en mesure de nous communiquer les propos de la partie concernée, la direction du Walmart de Bathurst. Ça aurait été bien plus intéressant que d’entendre les réponses prédigérées de la SNA.

Enfin, qui se rappelle de l’histoire récente de la caissière de la Co-op de Bouctouche, qui insulta une cliente doyenne quant au fait qu’elle soit une « autochtone stupide » qui ne comprends pas le français [2]. Un pur cas de racisme et d’ignorance crasse! On avait pourtant trouvé une solution très constructive grâce à cette sage doyenne, impliquant des excuses, du pardon, et des activités éducatives pour une pauvre fille qui manifestement, en avait bien besoin [2]. Elle n’a pas perdu son emploi, pour un cas dix fois pire que de se faire traiter de « bitche ».

Notes et références

[1] « Le congédiement d’une employée de Walmart soulève des débats sur la question linguistique ». Radio-Canada.ca. 14 février 2014. Consulté le 16 février 2014

[2] « Bouctouche Co-op cashier agrees to forgiveness circle ». cbc.ca. 17 janvier 2013. Consulté le 16 février 2014

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Autorités canadiennes en matière d’immigration, une affaire d’amateurisme?

Originellement publié le 15 février 2014.

Quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous sommes tombés par hasard sur de la documentation pour l’évaluation de l’ethnie Lari du Congo-Brazzaville pour les questions de statut de réfugié au Canada [1]! La surprise, ce n’est pas que ce groupe ethnolinguistique figure positivement lorsqu’il s’agit d’octroyer le statut de réfugié. Le calvaire qu’ont vécu ce groupe depuis les années 1990 est bien connu. Non… La surprise nous vient des autorités canadiennes. Figurez-vous qu’ils se basent sur des entités partisanes pour s’informer de l’histoire troublée de la République du Congo, notamment en citant « Les Dépêches de Brazzaville » et des employés financés par l’état, au sein de l’Université Marien Ngouabi [1].

Qu’est-ce que c’est, ce périodique? Eh-bien, ce n’est pas un média très sérieux [2]; c’est plutôt un journal qui constitue un outil de communication du gouvernement de la République du Congo. Ce journal est géré par ADIAC (Agence d’information d’Afrique centrale), une machine fondée par Jean-Paul Pigasse, un proche et employé du président de la république du Congo depuis la guerre de 1997 [2]. Voilà un personnage loin d’inspirer l’impartialité, et pour cause, certains opposants politiques le qualifient comme étant « l’homme fort de Dennis Sassou Nguesso » [3], « le perroquet du dictateur » [4], ou encore « le propagandiste importé » [5]. Étant donné que le président actuel de la république est arrivé au pouvoir deux fois par les armes (8 février 1979 contre Joachim Yhombi-Opango, et 25 octobre 1997 contre Pascal Lissouba), on peut voir là un outil de propagande du régime en place, étant donné que ce périodique tirerait en partie son financement des coffres de l’état. Peut-on s’étonner du rôle que joue ce journal? Pas du tout, puisque même les pays démocratiques ont leurs machines à propagande partisanes; pensez au « CNN » des démocrates et au « Fox News » des républicains chez les Américains.

La grosse farce cependant, c’est sur le dos de la Commission de l’Immigration et du Statut de Réfugié du Canada qu’on peut la faire. On peut leur concéder que la documentation par rapport à un groupe ethnique particulier repose sur plusieurs sources et de soi-disant conversations avec des universitaires ou des experts présents en sol africain, mais le simple fait que des sources comme « Les Dépêches de Brazzaville » puissent aider à se faire une idée sur la situation de ce pays, et qu’on décide du sort des réfugiés en nourrissant les fonctionnaires canadiens de petits résumés amateurs dans lesquelles figurent des sources partiales et donc loin d’êtres savantes, il y a de quoi s’inquiéter.

Vous pouvez donc deviner le genre de chose qu’on ne lira jamais dans les pages de ce que certains on appelé la « feuille de chou » [6]. Quand on apprend que selon cette source [1], les Mbochi (l’ethnie du dictateur) constituent la troisième ethnie en importance au pays, on se demande d’où ça viens, car si on se fie au nombre de locuteurs Mbochi, leur nombre n’est que de 108,000 à 151,000 [7, 8], pour un pays d’un peu plus de 4 millions d’habitants [9].

S’en remettre à des conversations avec des intellectuels et des chercheurs qui sont du même pays et des mêmes ethnies que celles qui sont ciblées par l’évaluation, c’est une autre gaffe monumentale et qui démontre l’amateurisme de ce département, sinon leur paresse. On ne peut pas croire qu’il y a pénurie de publications savantes, et aussi d’ethnologues, d’historiens, de journalistes, et de sociologues externes et compétents pour servir d’évaluateur impartial.

D’ailleurs, dans un autre document [10] publié par la Commission de l’Immigration et du Statut de Réfugié du Canada et lui aussi rendu disponible par l’Agence des Réfugiés de l’ONU, on peut découvrir une autre absurdité : qu’il existerait une ethnie « Nibolek » au Congo. N’importe quel congolais vous expliquera aisément que Nibolek désigne un territoire qui regroupe le Niari, le Bouenza, et le Lékoumou, d’où l’appellation « Ni-Bo-Lek ». Il s’agit d’une désignation géographique. De toute évidence, quelque chose ne tourne pas rond dans cette agence du gouvernement canadien. Comment expliquer un tel amateurisme?

Notes et Références

[1] Commission de l’Immigration et du Statut de Réfugié du Canada. « République du Congo : information sur le traitement réservé aux Laris et aux Vilis par le gouvernement; information indiquant si des conflits les opposent à une ou des minorités et, le cas échéant, la nature et la fréquence de ces conflits (2005-2010) ». refworld.org. Consulté le 15 février 2014.

[2] « Le Congolais Jean-Paul Pigasse ». congopage.com. 9 août 2010. Consulté le 15 février 2014.

[3] Berrebi, Serge. « Jean-Paul Pigasse : L’Homme Fort de Denis Sassou Nguesso ». dac-presse.com. 26 avril 2011. Consulté le 15 février 2014.

[4]  « CONGO – FRANCE : LE PERROQUET DU DICTATEUR Denis SASSOU NGUESSO Jean Paul PIGASSE SE MOQUE OUVERTEMENT DU PRESIDENT FRANCAIS François HOLLANDE ET SES MINISTRES ». lavoixdupeuple.over-blog.org. 27 octobre 2013. Consulté le 15 février 2014.

[5] Ossebi, Rigobert. « JEAN PAUL PIGASSE LE PROPAGANDISTE IMPORTÉ, LA TERREUR ET LES ETATS-GENERAUX ». congo-liberty.com. 29 juin 2013. Consulté le 15 février 2014.

[6] Berrebi, Serge. « L’Homme Fort ! ». sergeberrebi.over-blog.com. 20 avril 2011. Consulté le 15 février 2014.

[7] « Mbosi, A Language of Congo ». ethnologue.com. Consulté le 15 février 2014.

[8] « Mbosi, Mbochi in Congo, Republic of the ». joshuaproject.net. Consulté le 15 février 2014.

[9] « Fiches Pays – Congo ». jeuneafrique.com. Consulté le 15 février 2014.

[10] Commission de l’Immigration et du Statut de Réfugié du Canada. « Republic of the Congo: treatment of members of the Lari and Nibolek ethnic groups, including their relationship with the Colonel Marcel Ntsourou». refworld.org. Consulté le 15 février 2014.

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Tracadie tue Caraquet

Le Grand Tracadie-Sheila, autrefois connu sous le nom de Tracadie Sheila

Originellement publié le 10 décembre 2013.

Well, ben c’est fini, les Caraquetois peuvent aller se coucher, ils ont perdu la guerre pour le développement régional. Tracadie sera « La » ville de la Péninsule acadienne. Les chasseurs d’outardes viennent de réussir un coup de maître en remportant, de justesse (53%), un vote sur l’amalgamation de plus de 18 DSL dans leur région [1, 2]. Tracadie passera donc d’environ 5000, à près de 16000 habitants. Elle détrônera même la cité de Bathurst, qui se meurt depuis la fermeture de sa mine de zinc. La ville de Tracadie n’a pas une aussi belle gueule que Caraquet, mais elle a certainement le sens des affaires, ce qui laisse présager un avenir positif pour cet espace pavé.

Oui, un coup de maître, ça il faut le dire, car ce n’est pas facile de faire sortir les Acadiens de leur back-roads. Il faut dire que ça fait des années que les planificateurs de ce projet consultent la population pour faire évoluer l’opinion des premiers concernés. Les Acadiens, du moins beaucoup d’entres-eux, ont la fâcheuse habitude d’aimer se terrer au beau millieu de nulle part, où ils n’ont pas ou peu de services municipaux, et où on ne leur demande rien (taxe?). La grosse paix hein? Par comte, il faut venir profiter des services des villes quand on est dans le besoin. Par conséquent, c’est là où le bas blesse, puisque les Acadiens tentent de bâtir une société qui serait l’égal de leur voisins anglophones, alors que beaucoup d’entres-eux se privent consciemment d’un palier de pouvoir politique tout entier, c’est-à-dire le municipal.

Une chose est certaine, suivant cette transformation de Tracadie, les rivalités superficielles et traditionnelles entre ces deux municipalités n’auront plus la même saveur;  que ce soit sur la patinoire ou dans les boîtes de nuits de la région. En terme relatif, Caraquet se voit attribuer le statut de village. Que ce soit du côté de Caraquet, ou de Shippagan, Lamèque, et les îles, on tentera certainement de faire aboutir les efforts de regroupement municipal, mais on peu imaginer pour eux les conséquences d’être retardataires dans ce jeux du poids des nombres. Déjà, le maire de Tracadie se comporte en seigneur de guerre victorieux [3]. Il connait les implications de ce que lui et son équipe viennent d’accomplir.

Notes et références

[1] Levasseur, Annie. « Une nouvelle municipalité est formée ». CHAU-TVA. 3 décembre 2013.

[2] Ensemble vers l’avenir. http://verslavenir.ca/. Consulté le 4 décembre 2013.

[3] Gravel, François. Après Tracadie-Sheila. L’Acadie Nouvelle. 4 décembre 2013. Consulté le 10 décembre 2013.

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À quoi joue le général Amr?

Originellement publié le 21 août 2013.

Serge Michel, pour LeMonde.fr, a récemment interrogé le Général Amr alors qu’il se plaisait en famille au centre Al-Ahly… Et bon sang, quelle entrevue! Le général accuse Morsi et le Muslim Brotherhood d’une série de complots, dont on ne saurait choisir le plus farfelu. Ce morceau de nouvelles, parût le 19 août 2013 et intitulé « Egypte : « Il faut tuer ou arrêter les leaders des Frères musulmans » », a même été utilisé sur Aljazeera.com le jour suivant, dans un article intitulé : « Egypt’s generals following Algerian playbook? ».

Une des accusations spectaculaires retient l’attention : celle selon laquelle Morsi et son gouvernement aurait donné le feu vert à l’Éthiopie concernant son projet de barrage sur le Nil. Pourtant, Morsi a été filmé alors qu’il discutait avec des politiciens Égyptiens de la situation concernant ce projet que prévoit l’Éthiopie sur le Nil. Certains de ces derniers n’avaient pas été informés que la discussion était livrée en direct par les médias. La planète entière a eu le privilège d’entendre les multiples façons dont les Islamistes, alors au pouvoir, pourraient hypothétiquement opposer le projet des Éthiopiens. On parle d’idées comme celle d’appuyer différents groupes rebelles éthiopiens pour faire pression sur Addis Ababa, ou encore tout simplement faire détruire le barrage par quelque moyen que ce soit. Tout le monde le sait, Les Islamistes comptaient bien défendre la position de l’Égypte quant viens les eaux du Nil. On peut trouver cette vidéo assez facilement sur Youtube.

Vendre 40% du Sinaï pour gonfler la Bande de Gaza? Interdire le tourisme et louer les pyramides au Quatar pour 5 ans?, vendre le sud de l’Égypte au Sudan? Voilà une série de faux-complots tout aussi ridicules que celui selon lequel les Frère Musulmans auraient donné le feu vert au projet de barrage des Éthiopiens, qui eux, de surcroît, sont chrétiens.

C’est clair… C’est du baratin pur et simple qu’Amr a balancé au journaliste Serge Michel. Ça demeure intéressant de voir le genre de justificatif que l’armée égyptienne avance pour défendre leur prise de position. Ça donne l’impression qu’ils prennent les Égyptiens pour des gens totalement stupides et dépourvus d’esprit critique. Ou c’est peut être les occidentaux qu’ils pensent stupides, tout dépendant du lectorat qui vient nicher sur LeMonde.fr.

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Le Mouvement Rebelle M23 Nous Montre Ses Enfants Soldats?

Titre de la vidéo sur Youtube: 100% DESMILITAIRES DE L’ARC/M23 ONT FAIT ALLEGEANCE AU GENERAL SULTANI MAKENGAPRESIDENT AD INTERRIM DU M23.

Originellement publié le 7 mars 2013.

Lors d’un débat télévisé parut sur France24 en Novembre 2012 à l’occasion de la chute de Goma dans l’est de la République Démocratique du Congo, Geneviève Garrigos, la présidente d’Amnesty International France, interpellait Jean-Paul Epenge, le porte parole du mouvement rebelle M23 en Europe, au sujet de rapports de témoignage selon lesquels les soldats de la rébellion s’adonnent au viol de femmes et emplois des enfants soldats. Dans son intervention, monsieur Epenge parle de la question des viols de femmes tout en évitant de parler des enfants soldats. Oubliez les briques de lecture, les rapports d’ONGs, car le M23 semble nous montrer sans gêne un échantillon de ses enfants soldats dans une vidéo sortie sur le Tube le 2 mars 2013.

Dans une atmosphère détendue, sur la vidéo on voit d’abord Jean-Paul Epenge, venu sur le terrain dans le Nord Kivu visiter son chef Sultani Makenga, le général des brigades, maintenant président par intérim du mouvement M23 depuis la destitution de Jean-Marie Runiga Lugerero le 27 février 2013. Dans une vidéo qui semble promotionnelle, intentionnelle, le mouvement rebelle M23 montre un groupe de soldat qui semble inclure des enfants soldats dans ses rangs. Vers la fin de la vidéo, filmé par on ne sait qui, à partir de 9:52, on voit des soldats du M23 en chants, où figurent plusieurs garçons parmi les hommes, tous vêtus de la tenue militaire, dont un qui est équipé d’une Kalachnikov. Ou bien ce sont des Twas, ou bien ce sont des enfants… Qu’en pensez-vous?

Texte © 2013, Le Hareng Mal Salé

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La France Et Son Ennemi Au Mali

 

Reportage 2013 Guerre au Mali: Dans les coulisses de la gestion de crise

Originellement publié le 24 février 2013

Depuis que les troupes françaises ont atteint le nord Mali aux environs de Kidal, c’est l’indignation générale qui fait surface dans les masses; bon nombre de maliens semblent lésés de constater une coexistence entre les effectifs du MNLA et ceux de la France. La France avait pourtant laissé savoir, par l’intermédiaire du ministre de la défense,  Jean-Yves Le Driant, quel était l’ennemi qu’elle comptait affronter en sol malien. À cet effet, veuillez voir le reportage d’Anouk Burel pour Envoyé Spécial sur la chaîne France2:

Ce qu’on entend bien clairement dans ce reportage, c’est que selon le gouvernement français, il y a trois groupes terroristes, et non pas quatre, qui affligent le nord du Mali. On tente maladroitement d’éviter l’usage du mot « islamiste », mais on peut comprendre que les trois groupes sont le MUJAO, Ansar Dine, et AQMI. Il faut donc sous-entendre que le groupe qui n’est pas inclus à la liste des groupes terroristes dans la guerre des français, c’est le MNLA séculier. Ce discours, monsieur Le Driant le faisait alors que les troupes françaises étaient encore au niveau de Tombouctou, donc toujours bien loin du fief du MNLA dans l’extrême nord du Mali. La position de la France avait donc bien été articulée, et elle ne concorde pas avec celle des maliens au sens large, qui tendent à amalgamer tous ces groupes armés dans le nord du Mali.

Texte © 2013, Le Hareng Mal Salé

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La voie des armes au Mali

Danseurs dogons

Originellement publié le 20 février 2013.

Depuis que la France est venue chasser les groupes narcotrafiquants et fondamentalistes des villes et villages dans le nord du Mali, on nous a servi un heureux spectacle d’une populace soulagée et bien contente de se faire libérer du joug des envahisseurs; ces derniers comprenant tout de même une quantité de maliens dans leur rangs. Maintenant que la France c’est rendue jusque dans l’extrême nord-ouest du pays, l’alerte fut sonné par les journalistes-activistes maliens un peu partout sur la toile: une ambition venue du pays libérateur serait peut être en train de se dérouler sous nos yeux. Ce qui achale, c’est les troupes libératrices qui évitent de confronter les effectifs du MNLA [1], qui lui, était pourtant le premier groupe à s’insurger avant de se faire écarter par les groupes à connotation islamiste.

Ce que redoutent bon nombre de maliens, c’est de se faire imposer des pourparlers avec le MNLA, qui lui est qualifié de groupe perpétrant des actes criminels [2]. Sans faire une histoire longue, on peut se rappeler le massacre de plus de 80 militaires et gendarmes maliens non-armés à Aguelhok en janvier 2012 par le MNLA [3]. Bref, entre les actes de ce groupe sur le dure terrain, et ses interlocuteurs très visibles et bien costumés en pavane sur les chaînes européennes, il semble y avoir une grosse discordance, et comme le gros de l’humanité se foire dans leur divans devant la télé pour se faire une opinion de questions qui sont bien complexes, vous vous doutez de ce qu’on nous sert comme perception du MNLA.

Ou bien ces informations sont fausses (Aguelhok) et tous les journalistes ont foiré, ou bien il y a quelque chose qui ne tourne par rond, quand on fait la chasse aux islamistes coupeurs de mains, et qu’on ignore du même coup les groupes séculiers égorgeurs d’hommes [4]? Voilà donc que l’on balance l’idée de casques bleus de l’ONU comme solution au maintien de la paix au Mali [5]. Vous voyez maintenant pourquoi les maliens crient à l’intrigue… Il est allégué que ce n’est pas pour faire la séparation entre les troupes maliennes et les groupes islamistes, mais bien pour séparer ces premiers des forces du MNLA. C’est du moins ce que l’on craint, et du coup, c’est comme si la France rendait légitime les actes de guerre perpétrés par le MNLA envers Bamako, tout en ignorant les crimes dont le groupe est accusé. Pire encore, c’est comme si la France rendait légitime l’atteinte de l’indépendance, l’aboutissement de l’Azawad, par la méthode violente, plutôt que par les urnes. Comme quoi ce qui est désirable pour les pays développés (démocratie) ne l’est pas forcément pour ceux en voie de développement.

Est-ce que les maliens ont raison de s’inquiéter? Si on adhère à la thèse que le sous-sol du nord du Mali est potentiellement très riche côté minerais, alors là on est bien servi pour appuyer des thèses de conspiration. Rappelez-vous la tentative de sécession du riche Katanga sous Tshombe dans le Congo avec le support de la Belgique et de la France. Rappelez-vous aussi le support de la France lors de la guerre sécessionniste du Biafra, région riche du sud du Nigéria.

Certains font la thèse qu’il n’y a pas de développement significatif ou de réserves bien prouvées dans le sous-sol du nord mali, et que par conséquent, ce n’est pas là que repose la motivation première de la France [6]. Il faut rappeler que quand la France a perdu son pétrole algérien, n’a-t-elle pas dû tout recommencer ailleurs, notamment au Gabon et au Congo-Brazzaville? Pourquoi assumer que la France n’est pas « planificatrice » quand il s’agit de ses intérêt? Toute la région, du Niger à la Mauritanie [7], pisse de ressources et le nord Mali est en plein dans le mille. Si les français ont pu se lancer dans l’aventure du Biafra alors qu’ils étaient bien gavée du pétrole gabonais, c’est bien dire qu’il n’est pas logique d’assumer qu’un pays développé puisse stopper ses quêtes quand viens l’apport en ressources énergétiques. Vraiment, qui peut oser penser que la France ne trouverait pas le nord du Mali intéressant. Partout, les compagnies se battent pour s’arracher des droits d’exploration avant même de parler d’exploitation. Seul le potentiel de découverte est suffisant pour lancer les motivations de sécuriser une certaine exclusivité.

Mais revenons au MNLA. Il semble bel et bien y avoir une thèse viable qui expliquerait qu’on tolère la création de l’Azawad par les armes, en assumant que la partition du pays soit désirable pour l’occident. En dépit de toutes les incompétences spectaculaires du gouvernement central à Bamako, il semble bien que les Touaregs, du moins une partie d’entre eux, sont les seuls à revendiquer la partition du pays, et dans une formule qui paraît être proprement ethnocentrique : le mot Azawad en témoigne. Or, cette région du pays est chevauchée largement par plusieurs autres groupes ethniques, comme les Peuls, les Songhaï, ou les Dogons, qui ne semblent pas traduire leurs souffrances en ferveur sécessionniste au même titre que les Touaregs. Le problème, c’est que les Touaregs constituent une minorité démographique dans le nord du Mali [8]. On parles des Peuls et des Songhaï comme étant majoritaires dans le nord [8], mais même à eux seuls, les Dogons sont plus nombreux que les Touaregs maliens (jusqu’à 700 000 ou  800 000 VS 450 000 pour les Touaregs). Or, le soi-disant pays dogon se situe à l’intérieur de la zone revendiquée par les Touaregs.  Là où le bas blesse, c’est qu’étant donné le large chevauchement de la région par d’autres peuples, en plus de tout ces non-touaregs qui bâtissent et peuplent des villages et des villes depuis des siècles dans le nord, ça revient à dire que les Touareg n’ont aucune intégrité territoriale sur laquelle ils peuvent s’appuyer pour un projet nationaliste ethnocentrique… La voie de la conquête est vraisemblablement la seule qui vaille, mais on peut se demander pourquoi un projet interethnique de souveraineté n’a jamais pris dans le nord du Mali.

Il semble que les séparatistes touaregs, de par leur nature nomadique et le mélange avec d’autres populations, n’ont pas une situation à l’image des Basques de l’Espagne et de France, des Écossais du Royaume Unis, ou des Québécois du Canada. Leur souveraineté implique la conquête d’une majorité non-touareg, qui ont eux aussi une histoire profonde avec cette terre du nord Mali. Or en occident, les groupes séparatistes s’œuvrent pour convaincre les minorités de leurs territoires d’embarquer dans leur aventure nationaliste. On comprend que les partisans de l’Azawad n’ont pas cette option.

On peut se demander pourquoi les média occidentaux ne nous présentent pas toute la réalité de ce territoire contesté. Vous verrez peut être là un intérêt de rendre légitime les aspirations nationalistes de la minorité Touareg, des aspirations qui, s’ils demeurent le joug exclusif des Touaregs, resteront impossible à atteindre via tout semblant de démocratie, la démographie et la géographie le dicte. Idéalement, le problème Touareg semble plutôt être une question de justice sociale, d’égalité des chances, mais il reste que n’importe quel peuple peut se tailler son empire par la violence s’il le choisi… ça tend à être la règle, mais l’échec dans un tel cas est le plus souvent catastrophique.

Si vous savez écouter, ce n’est pas l’agile présentation médiatique du MNLA qui parle le plus fort dans cette affaire, c’est plutôt le silence de cette majorité d’autres peuples présent dans le nord, qui n’ont pas produit d’équivalents ethnocentriques aussi bruyants que le MNLA en terme de groupe activiste.

 

 Notes et références

[1] « Mali:la situation s’apaise entre la France et le MNLA ». RFI. 13 février 2013. Consulté le 17 février 2013.

[2] Haïdara, Saouti Labass. « Mali– MNLA : On massacre d’abord, on discute après ». Mali Actualité. 12 mars 2012. Consulté le 17 février 2013.

[3] Berthemet, Tanguy. « DesTouaregs exécutent des soldats maliens ». Le Figaro. 14 février 2012. Consulté le 17 février 2013.

[4] Diallo, Lamine. « Régionde Kidal : Une zone de non droit ». Waati. 14 février 2013. Consulté via Maliweb.net le 17 février 2013.

[5] « Casquesbleus de l’ONU: le Mali hésite à donner son feu vert ». RFI. 13 février 2013. Consulté le 17 février 2013.

[6] Védrine, Ambroise. « Guerreau Mali : peut-on vraiment parler de Françafrique ? ». Rue89, Le Nouvel Observateur. 16 février 2013. Consulté le 17 févier 2013.

[7] « Les richesses de laMauritanie pourraient en faire le Koweït de l’Occident arabe Le Koweit duMaghreb Un peuple en attente ». MarocHebdo. 27 décembre 1997. Consulté le 17 février 2013.

[8] Togora, Y. « MNLA: « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous aurez ledéshonneur et vous aurez la guerre » (Winston Churchill) ». Le Flambeau. 6 février 2013. Consulté via Maliweb.net le 17 février 2013.

Texte © 2013, Le Hareng Mal Salé

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Un Pays, Deux Bandits?

Rebelles du M23 dans les rues de Goma, novembre 2012

Originellement publié le 2013-02-10

Novembre 2012 – Texte rétrospectif sur la crise de 2012 dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

Comme si l’humiliation subie par les soldats de la FARDC à Goma n’était pas suffisamment profonde, voilà qu’on apprend qu’un de ses chefs militaires vend des armes à l’ennemi [1], et que d’autres s’aventurent à désister à répétition [2], au gré des saisons. Sans pour autant occulter le problème des excursions effrontées des pays de l’Est, ceci nous apporte à une constatation douloureuse à écrire, la thèse selon laquelle une partie des citoyens congolais sont responsables des maux chroniques du pays.

La corruption existe dans tous les pays, mais elle a des effets démesurés dans les pays affligés qui ont peu de moyens. Du coup, il n’est plus question d’un simple scandale dans la vie politique nationale d’une nation; ça devient une question de vie ou de mort, voir même des milliers de morts et une nuée de misère qui asphyxie les masses. Il est légitime de s’indigner quant aux activités des pays de l’Est en sol congolais. Moi-même je suis scandalisé par le niveau d’hypocrisie de la part d’un certain dirigeant qu’il n’est pas nécessaire de nommer [3]. On peut couper au couteau le temps à partir duquel les rebelles du M23 ont tout à coup gagné la donne avec des armes nouvelles aux poings [4], alors qu’avant ils titillaient, cachés dans les collines avec les animaux d’un parc [5].

Cependant, la vérité la plus complète semble trop dure à estomaquer, même si les commentateurs anonymes de la blogosphère, que l’on présume congolais quand vient ces questions proprement congolaises, arpentent tout de même indirectement le problème le plus profond. Pointer du doigt la corruption et l’incapacité du gouvernement central, et par conséquent son armée, semble tout à fait justifié. On peut tout de même insérer cela dans la narrative d’un Congo martyrisé par l’envahisseur. Il n’est pas étonnant de voir de nombreux commentaires à cet égard.

L’autre face du problème est plus terrible et douloureuse… Personne ne veux entendre que le deuxième bandit est bien de chez sois, c’est-à-dire une partie des citoyens de la nation. C’est encore plus douloureux que d’affirmer qu’il ne suffit pas de s’attarder à l’élite centrale, que l’on peut pourtant qualifier de tous les maux : de la corruption jusqu’au vol pur et simple. Résolument, il faut reconnaitre que des citoyens ordinaires se tirent de leur misère en se faisant prédateur de compatriotes. Au nom de la survie, du simple milicien jusqu’au commandant, on saccage sa propre patrie [6], les gens autant que la terre et les minerais.

C’est une situation bien curieuse dans l’Est : le constat que certains groupes armées, constitués proprement de fils de la nation, agissent dans la même trame que leurs groupes rivaux étrangers, c’est-à-dire comme pilleurs de la populace et des ressources de leur territoire. Nous sommes au-delà du banditisme individuel, c’est à s’y méconnaitre lorsque sur la base des actes, il devient difficile de différencier les groupes, dans le sens que des congolais se comportent comme des conquérants sur dans propre terroir, sans qu’il n’y ait édification des leurs pour autant.

Les fort tapent sur les petits et c’est une tendance qui ne s’est qu’accentué au cours des dernières décennies. Plus les armées deviennent puissantes et donc complexes, sophistiquées et par conséquent coûteuses, plus cette vérité tiens. Les puissances du monde d’aujourd’hui n’affrontent pas des ennemis à leur taille. Par exemple, regardez le genre d’engagement militaire que les États-Unis d’Amérique ont effectué ces dernières décennies, et vous verrez ce dont il est question. On ne tape que lorsqu’en situation de supériorité criante. En fait, depuis la guerre froide, les grands ne se tapent plus directement entre eu, mais chacun tape sur les petits dans le camp de l’autre, ou mieux encore, on laisse les petits taper et se faire taper et on en profite.

Avec tous ces congolais qui s’entre-cannibalisent [6, 7], le pays est dans une position de faiblesse telle qu’il est comme un gros gigot saignant balancé à la face des pays de l’Est. Le premier pan d’une solution à long terme passe peut-être par une transformation intérieure du pays. Rares sont les pays où des bandes de criminels peuvent faire ce que bon leur semble et victimiser des milliers de citoyens pendant des mois, voir des années durant, sans de fortes probabilités d’être appréhendés. Rares sont les pays qui tolèreraient des changements d’allégeances aussi fréquentes que la direction du vent de la part de ses militaires, du chef jusqu’au simple soldat.

Si le fait de se dire congolais veux d’abord dire quelque chose, et que ceci puisse dominer ne serait-ce que sensiblement le sens identitaire des populaces de tous les recoins du pays, alors là si les congolais deviennent un seul corps et enchaînent le développement, il y aurait la chance qu’un jour, le pays ait la force de ses proportions, et qu’il devienne impensable qu’un petit pays de l’Est puisse même imaginer l’éventualité d’une excursion sans le payer très chèrement. Quel est le pire ennemi de l’esclave? L’esclave vous répondra que c’est « un autre esclave ». Ainsi les entités de l’Est s’arrachent tous le même pain, dans un contexte de misère et de précarité.

Notes et Références

[1] « RDC :le président Kabila suspend le général major Amisi, le chef des forcesterrestres ». Radio Okapi. 22 novembre 2012. Consulté le 22 novembre 2012.

[2] « Bukavu:le colonel Kahasha fait à nouveau défection ». Radio Okapi. 24 novembre 2012. Consulté le 25 novembre 2012.

[3] « UNaccuses Rwanda of leading DR Congo rebels ». AlJazeera English. 17 octobre 2012. Consulté le 10 février 2013.

[4] « RépubliqueDémocratique du Congo – Remarques à la presse de M. Gérard Araud, Représentantpermanent de la France auprès des Nations unies ». La France à l’ONU – Représentation permanente de la France auprès des Nations Unies à New York. 19 novembre 2012. Consulté le 9 février 2013.

[5] « DRCongo military battles ‘M23’ mutineers ». MWC News. 20 mai 2012. Consulté le 9 février 2013.

[6] « DRCongo: initial findings by UN confirm human rights violations amid recentviolence ». UN News Center. 18 décembre 2012. Consulté le 9 février 2013.

[7] « Katanga:les Maï-Maï tuent plus de 65 personnes en l’espace de trois semaines à Mwemena ». Radio Okapi. 9 février 2013. Consulté le 10 février 2013.

Texte © 2013, Le Hareng Mal Salé

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